Culture du viol, préjugés racistes : les personnages de cartoons dénoncés
L’arrivée de la super production Space Jam : A New Legacy provoque de sismiques remous dans le monde hollywoodien. Alors qu’une lame de fond entend faire disparaître les œuvres passées, suivant différents critères, celles à venir ne sont pas épargnées. En cause, deux protagonistes de l’écurie Looney Tunes : Pépé le Putois et Speedy Gonzales. Le premier promeut la culture du viol, le second véhicule une image raciste des populations mexicaines.
Le 10/03/2021 à 15:00 par Clément Solym
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10/03/2021 à 15:00
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Bugs Bunny et ses coreligionnaires de cartoons avaient déjà pris une salve de plomb amicale, mais ferme, l’année passée. En effet, HBO Max décidait unilatéralement de supprimer la violence de ses productions, en ciblant deux personnages faire-valoir du lapin, Sam et Elmer. Le premier, pirate fumeur de pipe, le second chasseur n’ayant rien d’un biblique Nimrod, se verraient privés d’armes à feu. Et ce, pour endiguer la violence dans la société américaine. Le monde d’ACME se veut exemplaire, censurant donc dans une nouvelle série d’épisodes, toute forme d’agression cartoonesque reposant sur des pistolets ou des fusils… La messe était déjà pour partie dite.
La disparition du putois dragueur recadré
Deux autres protagonistes du monde imaginaire d’ACME viennent de subir un sort similaire. En premier lieu, le putois Pépé, connu pour les râteaux kilométriques qu’il prenait de la part d’une chatte noire, toujours différente, et repeinte malencontreusement d’une rayure blanche. Lui donnant l’apparence d’une moufette, elle suscitait l’émoi du putois, qui pratiquait la cour insistante, lourdingue et toujours éconduite. Mais selon plusieurs témoignages, désormais qualifiée de « sexuellement agressive ».
Présent dans le film de 1996, où Michael Jordan venait au secours de Bugs Bunny dans une partie de basket mémorable, Pépé le Putois a été supprimé du sequel prévu ce 16 juillet. La controverse a surgi après la chronique de Charles M. Blow, dans le New York Times qui a vu dans le comportement outrageux de la bestiole la démonstration et l’approbation de « la culture du viol ».
Et voici comment une scène du film où l’actrice de Jane the Virgin, Greice Santo et Pépé se retrouvaient, a été supprimée de Space Jam 2. Dans cette séquence, Pépé campait un gérant de bar, qui allait draguer une jeune femme — l’actrice en question. Or, si l’action tournait au vinaigre pour le putois — qui fait même état d’une injonction restrictive l’empêchant d’approcher de Lola Bunny — le chroniqueur américain a tranché. Pourtant, Greice Santo balançait une torgnole au dragueur impénitent, qui donnait le ton : on ne supporte pas ce genre de comportement. Et voici comment l’intéressé a disparu du film.
Notons que cette censure intervient également après un passage de relais entre le producteur Terence Nance et Malcolm D. Lee, survenu en juillet 2019. Le cameo réservé au putois a volé en éclat, et l’actrice-chanteuse, qui avait dévoilé avoir été victime de harcèlement sexuel, déplorait cette coupe.
Un porte-parole indique : « Même si Pépé est un personnage de dessin animé, si quelqu’un voulait gifler un harceleur sexuel de son espèce, Greice aurait souhaité que ce soit elle. Maintenant, la scène est supprimée et elle n’a plus cette opportunité d’influencer le monde et les jeunes générations qui regarderont Space Jam 2. Et cela, pour faire savoir aux jeunes filles et jeunes garçons que le comportement de Pépé est inacceptable. » Dont acte ? Pas que, la suite est tout aussi épatante.
Exit Speedy, la souris la plus rapide du Mexique
Autre jour, autre polémique, donc, toujours autour de cette fameuse suite. Cette fois, Speedy Gonzales est dézingué, avant même d’avoir pu prendre la fuite. Car, explique un nouvel éditorial, la souris de Looney Tunes « véhicule des stéréotypes négatifs sur les Mexicains ». Les réseaux sociaux ont pris le pas, et immédiatement une campagne demandant la disparition de l’indigent s’est mise en branle. Si dans le cas de Pépé, la fille du créateur Chuck Jones, Linda, avait pris la défense du personnage, pour réfuter toutes les accusations, c’est au tour du doubleur, pour Speedy, de prendre les armes des réseaux.
Gabriel Iglesias a tenté un pied de nez aux détracteurs en expliquant que la cancel culture ne le rattrapera pas : « Je suis la souris la plus rapide de tout le Mexique. » Le tout accompagné d’une vidéo pédagogique. Et sarcastique.
Pourtant, Speedy incarne une forme de résistance aux envahisseurs, comme un héros toujours en mesure de déjouer les pièges qu’on lui tend, accompagné de ce mantra « ¡Andale! ¡ Andale ! ¡ Arriba ! ¡Arriba! ». Les Latino-Américains se sentent-ils humiliés à la vision de cette souris particulièrement futée ?
Créé en 1950, Speedy Gonzales devait avoir son propre film en 2016, doublé par Eugenio Derbez. Et pourtant, au cours des années passées, il a fait l’objet de nombreuses critiques, considérant qu’il représentait le personnage le plus racialisé de toute la team Looney Tunes.
Le racisme, pas à portée de clic
Autant de polémiques dont Space Jam 2 se serait certainement passé et qui invitent à se plonger dans les anciennes productions de Disney, à la recherche d’éléments caractéristiques et stéréotypés. Mais Disney + avait déjà fait pour partie le ménage, décidant en octobre 2020 de supprimer de son catalogue des œuvres : les enfants de moins de 7 ans n’auraient plus le droit de regarder Dumbo, Peter Pan ou encore Les Aristochats. Et ce, parce que des clichés racistes se retrouvent dans les productions.
Dans Dumbo, par exemple, les corbeaux véhiculent des notions anciennes, où « des artistes blancs, au visage noirci et vêtements en lambeaux ridiculisaient les Africains réduits en esclavage », indiquait la chaîne. Chez Peter Pan, ce sont les Amérindiens qui posent problème. Dans Les Aristochats, la culture asiatique est mal représentée — du fait d’un chat aux yeux bridés…
Les adultes pourront toujours montrer les œuvres à leur progéniture, mais cette dernière n’y accédera pas seule. « Ces stéréotypes étaient erronés à l'époque et le demeurent aujourd'hui. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous voulons en reconnaître l’impact négatif, en tirer des leçons et susciter la conversation nécessaire à créer, ensemble, un avenir plus inclusif », pouvait-on lire sur l'avertissement.
Pas dit que pour Space Jam, les mesures prises soient aussi ouvertes à la négociation et la pédagogie…
via Washington Post, New York Times, Deadline, New York Post
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9 Commentaires
NAUWELAERS
11/03/2021 à 02:14
Les incultes bien-pensants de Disney (le triste Disney d'aujourd'hui) ignorent évidemment qu'il y a eu des compagnies de «minstrels» noirs.
Oui des artistes noirs qui exagéraient sciemment leurs propres traits, agrandissaient leur bouche etc. en s'appliquant à eux-mêmes du «blackface» avec une technique que je ne développerai pas ici, bien que le sujet soit intéressant.
Il y a eu également des «white faces»: des Noirs qui se grimaient le visage en blanc pour leurs prestations artistiques !
Et sans nier le moins du monde l'aspect abusif du «blackface», il faut souligner que cette culture qui a suivi l'abolition de l'esclavage a permis la sauvegarde de nombreuses oeuvres anonymes créées par des esclaves et recherchées et préservées ensuite.
Sans «blackface», elles eussent disparu à jamais ou beaucoup d'entre elles.
Mais plutôt que d'enseigner tout cela dans un esprit de recherche historique et de compréhension de l'évolution des gens et des choses, en condamnant tout ce qui doit l'être évidemment, plutôt que de développer des connaissances historiques, «on» préfère pourchasser et flinguer tout ce qui est apparenté à des clichés racistes...jusqu'à cette petite souris adorable Speedy Gonzales.
Qui donna un immense tube en rock «Speedy Gonzales», un titre créé par un certain David Dante mais popularisé par une idole de l'époque: Pat Boone en 1962, et repris en français avec succès par des gens comme Danyel Gérard et Dalida !
Jamais on n'aurait imaginé à cette époque plus optimiste et joyeuse que de sinistres pisse-vinaigre liberticides s'en prendraient un jour à ce petit rongeur malicieux et insaisissable...
Tiens un chanteur américain blanc, Pat Boone, chantant un personnage mexicain: appropriation culturelle !
Tant qu'à faire...
On peut pousser le bouchon très loin ou très bas.
Absolument imbuvable «cancel culture», si bête et méchante sous son maquillage (raté) progressiste...
Comment l'Amérique peut-elle s'abaisser si bas ?
Mais la France ne semble pas prête à imiter ces dérives calamiteuses, en majorité.
Il est sain et salutaire de faire savoir ici ce qui se passe là-bas donc bravo encore à ce site pour ses informations que l'on retrouve souvent ailleurs...par la suite !
(Appropriations d'informations !
On appelle à la censure donc !)
CHRISTIAN NAUWELAERS
Aïe
11/03/2021 à 06:55
Monde de fous dirigés par des maboules... On en est à souhaiter une grande guerre mondiale afin que les gens s'occupent enfin d'affaires importantes.
Quelle tristesse...
Liger
11/03/2021 à 08:19
Les indépendantistes bretons des années 1980 ne demandaient pas l'interdiction de vendre les albums de Bécassine tout en affirmant que ce personnage donnait une image ridicule de la Bretagne. De même, tout en affirmant " Maria Chapdelaine est morte ", les Québécois ne songeaient pas à censurer le roman de Louis Hémon mais affirmaient simplement que le Québec et plus généralement les francophones étaient passés d'une société rurale au monde moderne en maîtrisant ses codes et ses outils.
Autres temps, autres mœurs : désormais, des groupuscules d'excités liberticides appellent à la censure généralisée, à la réécriture de notre Histoire et de nos arts, aux autodafés purificateurs. A-t-on oublié les horreurs des nazis, des maoïstes de la soi-disant " Révolution culturelle " ou des islamistes qui commencèrent tous par brûler les livres ou ou fracasser des statues millénaires à la masse ou à l'explosif ?
Nous avons TOUS le devoir de combattre frontalement et sans compromis ces idées qui commencent à gangrener les arts, l'université, les médias : il s'agit de s'exprimer pour les condamner, de demander l'application des textes protégeant la liberté d'expression, de rejeter toutes les censures d’œuvres ou épurations de bibliothèques. Pas de Munich de la pensée !
Victor
11/03/2021 à 10:20
La prochaine fois que je vois un Français représenté blanc, avec un béret, une baguette et un litron de rouge, je crie à la caricature stéréotypée, agressive, racialisée, et attentatoire à ma sensibilité.
Aïe
12/03/2021 à 05:45
Vous n'aurez pas le droit : la culture de la victime est exclusivement dirigé contre les « minorités visibles » (mais a priori avec une très grande bouche).
Vie Quatresixquatre
11/03/2021 à 10:26
Manquait plus que ça. La bien-pensance mal placée, un fléau, tous âges confondus.
LauGid
11/03/2021 à 11:00
Comme disait très justement Stephen Carrière lors d'un entretien récent chez vous : "Qu’apprend-on quand on supprime une œuvre ? Rien."
https://actualitte.com/article/99203/interviews/seuss-le-vivre-ensemble-et-la-cancel-culture
Victor
11/03/2021 à 17:12
Pépé le putois promeut la culture du viol ?? Ceux qui prétendent cela n'en ont jamais vu un seul épisode ! Rappelons déjà qu'il s'agit d'un dessin animé, poussant la caricature, les situations comiques et les clichés très loin. Ensuite, Pépé est un dragueur, lourd, très très lourd, mais pas un violeur. Il n'arrive d'ailleurs jamais à ses fins, et ceci est bien compréhensible car alors il s'apercevrait qu'il est en présence d'une chatte, donc non-compatible, et tout le côté comique s'évanouirait. Reste uniquement le côté dragueur, d'ailleurs empreint d'un environnement et d'un vocabulaire semi-français. C'est bel et bien cet aspect 'français dragueur" qui est mis en avant par ce personnage, et aucunement la culture du viol. Ou alors à considérer que tout dragueur invétéré (et français ?) est un violeur en puissance...
Quant à Speedy Gonzales... Pourquoi pas Pancho et Rancho aussi ? 2 grenouilles affublées de sombreros, d'un fort accent mexicain, et qui adorent faire la sieste... quel racisme patenté !!! Ne faudrait-il pas saisir Amnesty International, la Licra, la Commission des droits de l'homme de l'ONU... ?
NAUWELAERS
11/03/2021 à 18:49
ALERTE !
Un nouvel élément à ajouter au dossier terrifiant de Pépé le Putois, propagateur -on s'en rend enfin compte après des décennies -de la culture du viol !
Il faut donc censurer le président Macron suite à l'exhumation de cette info de mai 2018 !
Voyez ci-dessous.
CHRISTIAN NAUWELAERS
France
Australie
The Daily Telegraph - Sydney
Publié le 02/05/2018 - 16:37
Pepé le Pew alias Emmanuel Macron en une de The Daily Telegraph du 3 mai 2018.
«En visite d’État en Australie ce 2 mai, Emmanuel Macron a qualifié la femme du Premier ministre, Malcolm Turnbull, de “délicieuse”. Une expression que le président français a traduite, erronément, par “delicious” – un terme qui ne s’applique qu’à la nourriture, à moins de vouloir lui donner une connotation sexuelle, dans le langage familier.
“Pépé le putois à l’Élysée”, titre en une The Daily Telegraph après cet événement malencontreux. Ce titre fait référence au célèbre cartoon de Warner Bros qui met en scène Pépé le putois, un personnage désespérément en quête d’amour. Et pour cause : son odeur rebute tous ceux qui l’approchent. Dans la version originale du dessin animé, c’est avec un accent français très prononcé que s’exprime Pépé le putois pour draguer à tout va.»
CHRISTIAN NAUWELAERS