ÉDITO – Harpagon, avare notoire, vibrait de détresse dans l’acte III de L’avare : « De l'argent, de l'argent de l'argent ! Ah ! Ils n'ont que ce mot à la bouche ! De l'argent ! Toujours de l'argent ! » Le livre n’aime pas parler d’argent, mais boude rarement son plaisir à rappeler qu'il est la première des industries culturelles. 2,67 milliards € de chiffre d’affaires pour les éditeurs sur 2018 (données SNE), avec une croissance attendue de 2 % pour 2019. Amusant, pour la première fois, YouTube vient de communiquer sur ses propres résultats…
Le 07/02/2020 à 13:10 par Nicolas Gary
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07/02/2020 à 13:10
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L’an passé, la plateforme vidéo d’Alphabet (anciennement Google), a généré 15,15 milliards $ – dont plus d’un quart réalisé au cours du seul 4e trimestre, 4,72 milliards $. Pour l’utilisateur qui fait profession de ses productions sur cette plateforme, les données de monétisation varient trop pour établir des statistiques.
Encore une fois, ce ne sont pas les prospecteurs qui firent fortune durant la ruée vers l’or, mais bien les vendeurs de pelles et de pioches.
Dans une tribune récente, Antoine Gallimard tirait à boulets rouges sur le rapport Racine, déformant ostensiblement le propos du conseiller maître à la Cour des comptes. « Nous ne nous résignerons jamais à une société qui choisit de publier moins pour lire moins », assure le grand patron de Madrigall. Rien dans le rapport ne préconise cette option : on n’y parvient que par un habile glissement de sens.
En effet, le propos du rapport est de recommander une rémunération fixe minimale pour les artistes-auteurs. Pour faire barrage, le SNE indique que payer plus reviendrait à publier moins d’auteurs. Donc à produire moins. Donc, entraîner une diminution de la lecture en France. Horribile auditu !
Le sophisme est spécieux : Milou a quatre pattes, une chaise a quatre pattes, donc Milou est une chaise. Pour l’éditeur de Tintin, l’analogie est éloquente. Or, le non-dit, le tabou véritable c’est que produire moins fait redouter aux grands groupes de gagner moins d’argent. Cela parce que les auteurs obtiendraient une meilleure rémunération.
En revanche, les données sont formelles : entre 2007 et 2018, la production de nouveaux titres commercialisés est passée de 60.376 à 67.492 en 2018. Une hausse de 10 % qui, de toute évidence, n’a pas fait augmenter le nombre de lecteurs en France. (données ministère de la Culture)
Décortiquons : aujourd’hui, un auteur BD court après les contrats, enchaîne les nouveaux projets, signés dans l’urgence. Mieux payé, poursuivrait-il ce rythme effréné ? Tout porte à croire que non. De fait, il prendrait le temps de la préparation, avec plus de sérénité : en réalité, il s’autorégulerait. Avec la perspective d’un travail plus soigné, débarrassé de l’obligation d’efficacité — du productivisme actuel.
Et pour son éditeur, un temps de collaboration bonifié, pour aboutir à des œuvres dont la qualité s’en ressentirait. En somme, la rentabilité grimperait pour les best-sellers, et pour les primo-entrants, l’accompagnement s’en ressentirait. Il n’est pas même assuré, économiquement, que le groupe éditorial perdrait de l’argent. « Less is more », comme se plait à le répéter depuis des années un certain François Schuiten.
Quelle serait l’autre approche ? Des auteurs qui perdront — y compris chez les gros vendeurs — l’illusion symbolique de la grande maison, puisque les enjeux économiques de productivité dépassent aujourd’hui ceux de professionnalisme. Et donc ? Eh bien des auteurs qui basculeront vers d’autres systèmes éditoriaux, associatifs, financements participatifs ou autopublication.
Là, oui, il y aura une perte de valeur qui échappera aux éditeurs, quand les auteurs renoueront avec un plus grand contrôle de leur œuvre. Certes, les revenus ne seront peut-être pas revus à la hausse, mais pour quel confort de travail ?
On assisterait alors à un déplacement de la ressource première, qui échapperait alors aux grands groupes — qui perdrait conséquemment quelques potentiels tickets gagnants à la grande loterie du best-seller.
La force d’un éditeur réside dans l’éditorial, son terrain de chasse et de prédilection, son coeur de métier osera-t-on dire : quand Amazon signe un Dean Koontz, c’est un auteur confirmé qui rejoint le GAFA. Le boulot est fait, en somme. Chercher les nouveaux talents, baliser le segment éditorial, la réflexion sur les textes, les œuvres, c’est le propre de l’éditeur. Parce que pour le reste, les solutions existent.
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Un auteur indépendant nous expliquait récemment sa méthodologie : acheter via CreateSpace, l’outil d’impression à la demande d’Amazon, les 30 ou 50 titres dont il a besoin quand il se déplace en salon. Pas de stock, pas d’éditeur, pas de diffusion/distribution. Mais des revenus qui sont directs. Tout le modèle d’Amazon prend forme : la publication, numérique ou papier — comprendre la vente auprès du public — et certainement pas l’édition de texte.
Kindle Direct Publishing relève précisément du modèle YouTube (tiens, rebonjour !), bien plus que de celui des éditeurs : tout le monde est le bienvenu, l’entreprise ne fait que mettre à disposition les tuyaux, avec l’outil de vente. Et une fois encore, le vendeur de pelles ramasse le magot.
Le rythme forcené de l’auteur de BD ne sera pas tenable — et le vivier n’est pas à ce point inépuisable. Combien faudra-t-il d’exemples de gros vendeurs hors éditeurs pour inspirer les nouvelles générations d’auteurs, les convaincre que publier avec un logo d’éditeur n’a finalement plus tant d’attraits ?
Un dernier point, qui se mesure certainement mal auprès des libraires : si les auteurs désertent progressivement le circuit classique, les points de vente du livre perdront autant de moments de rencontres. Non seulement les créateurs inventeront des circuits courts — ou profiteront de ceux déjà à leur portée —, mais plus encore, ils réduiront le temps de présence dans les librairies. Un coup supplémentaire porté.
Aujourd’hui, l’importance de la production épuise tout le monde : l’éditeur est dévoré par le nombre d’ouvrages qu’il doit publier, l’auteur par ceux qu’il doit fournir, le libraire par ces stocks qui vont et viennent sans cesse, le bibliothécaire regarde cela avec épuisement… et le lecteur ne s’y retrouve plus.
Nous voici très éloignés d’un monde où l’on publierait moins, avec pour conséquence de donner moins à lire. C’est tout le contraire. Les lecteurs s’indépendantisent : ils vont chercher ailleurs, ou apprennent à le faire. Antoine Gallimard révèle la plus grande crainte des groupes : perdre plus encore un lectorat qui déserterait les ornières d'antan.
Personne ne lira moins pour autant. L’argent circulera entre d'autres mains, moins parisiennes peut-être… Allô, Seattle ?
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Comediedulivre2024 – 2025, dans l’événementiel, c’est loin… et c’est demain. Mais pour l’instant, les équipes savourent la fin du salon : en renouant avec les médiathèques, les 17 et 18 mai, les rencontres hors les murs ont déployé la manifestation par-delà le département. D’autant que pour la seconde (ou deuxième ?) année, la Comédie quittait la traditionnelle esplanade Charles-de-Gaulle, en travaux.
22/05/2024, 10:34
L'éditeur indépendant L'Œil d'or inaugure avec le recueil de nouvelles Multiversalités une collection inédite, « Angle Mort ». Dérivée de la revue homonyme qui circule en ligne depuis 2010, elle en partage l'ambition : penser autrement la science-fiction et le monde avec. Directeur de cette publication depuis 2014, le sociologue Julien Wacquez nous présente cette nouvelle initiative.
21/05/2024, 16:16
Aurélie Tramier s’est hissée jusqu’en finale de la dernière édition du Prix Maison de la Presse. Une récompense tournée vers la littérature populaire et résolument romanesque, parfaitement en phase avec son dernier roman, Bien-Aimée, publié à La Belle Étoile. Il raconte un camp français peu connu de la Seconde Guerre mondiale, à l’histoire extraordinaire : d’abord destiné à l'internement d'Allemands comme Max Ernst, l'ancienne tuilerie devint à la défaite française, une étape avant Auschwitz…
21/05/2024, 15:45
Nguyên Hoàng Bảo Việt, ancien président et membre du Centre PEN Suisse Romand, délégué et membre cofondateur de la Ligue vietnamienne des Droits de l’Homme en Suisse, adresse une lettre ouverte à Xi Jinping, Président de la République Populaire de Chine. Il s'y engage contre la « condamnation injuste et inhumaine » de Rahile Dawut, intellectuelle et ethnologue ouïghoure.
21/05/2024, 12:55
Comediedulivre2024 – Manuel Vilas, l'auteur espagnol, a captivé le public français avec ses œuvres telles qu'Ordesa, Alegria et Les Baisers (Éditions du sous-sol, trad. Isabelle Gugnon). Son style unique et sa plume d'une grande beauté offrent un regard inédit sur la vie humaine et notre époque contemporaine. Avec Irene (trad. Isabelle Gugnon) il présente à Montpellier un nouveau chef-d'œuvre.
18/05/2024, 14:15
Comediedulivre2024 – Une carte blanche, donnée par la Comédie du livre, offre chaque année à un écrivain. Cette année, Alain Damasio en profite, alors que les éditions de La Volte qui le publient, fête leurs 20 ans. Ses invitées et invités seront Vinciane Despret, luvan, Palo Alto, Karim Kattan, Floriane Pochon, Jacques Barbéri, Fabrice Capizzano, Léo Henry.
18/05/2024, 09:47
Cela fait déjà 15 ans qu’ActuaLitté se met au service des Ensablés, cet ensemble d’œuvres oubliées exhumées par l'équipe. Alors, pour fêter cet anniversaire si particulier, les chroniqueurs anonymes sont passés de l’autre côté des lignes. Interview.
16/05/2024, 17:35
PrixPorteDoree2024 – Les Prix de la Porte Dorée étaient remis ce mardi 14 mai au Palais du même nom. Dans la catégorie bande dessinée, Charles Berberian a été primé pour Une enfance orientale. La présidente du jury et scénariste de la BD Aya de Yopougon, Marguerite Abouet, salue une oeuvre « intime et universelle ». ActuaLitté s'est entretenu avec elle.
16/05/2024, 17:10
PrixPorteDoree2024 — Sabyl Ghoussoub, auteur et journaliste français d'origine libanaise, présidait cette année le jury du Prix littéraire de la Porte Dorée. Dans l'enceinte du Musée de l'immigration, lui et son équipe de jurés ont décidé de désigner deux lauréates ex-aequo, Seynabou Sonko et Élise Goldberg. À l'occasion de la soirée de remise des prix, ActuaLitté a eu la chance de discuter avec lui.
16/05/2024, 11:32
PrixPorteDoree2024 – Seynabou Sonko et Elise Goldberg viennent d'être élues lauréates ex-aequo du Prix de la Porte Dorée. La première pour Djinns (Grasset), la seconde pour Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie (Verdier). Ces deux primo-romancières ne sont pas liées que par ce prix, elles sont aussi amies dans la vie. ActuaLitté s'est entretenue avec elles lors de la soirée de remise des prix qui avait lieu le 14 mai au Palais de la Porte Dorée, qui accueille le Musée de l'immigration.
15/05/2024, 18:15
PrixPorteDoree2024 – Ce mardi 14 mai, l'ambiance était littéraire au Palais de la Porte Dorée. Dans ce lieu d'exception, qui accueille entre autres le Musée de l'immigration, étaient remis les Prix de la Porte Dorée, récompensant une oeuvre qui traite de l’exil, les identités plurielles ou l’altérité liée aux réalités migratoires. Pour le Prix BD, c'est Charles Berberian qui a été désigné lauréat, avec Une éducation orientale (Casterman). ActuaLitté a eu l'occasion de s'entretenir avec lui.
15/05/2024, 15:15
Ouverte en 2015, la librairie Au café des livres traverse aujourd'hui une mauvaise passe, qui met en sursis sa survie. L'accumulation des crises s'ajoute aux difficultés économiques actuelles, pesant sur la trésorerie de l'enseigne. ActuaLitté lui ouvre ses colonnes, pour relayer un appel aux lecteurs et aux lectrices.
15/05/2024, 13:53
Auteurs et fondateurs du groupe Duo Intermezzo, Marielle Gars et Sébastien Authemayou ont adressé à ActuaLitté une communication portant sur le livre-disque hors norme, Libertad. Ouvrage autour d’Astor Piazzola, préfacé par Frédéric Lodéon (animateur radio de légende) et publié aux éditions Parole, il connaît un arrêt de commercialisation définitif, que les auteurs évoquent dans ce texte, reproduit dans son intégralité.
14/05/2024, 12:48
SalondulivredeTurin2024 – Edicola a gagné cette année le Prix National de la Traduction en Italie. Une aubaine pour cette maison d’édition italienne qui détient un second siège… au Chili. ActuaLitté a rencontré son fondateur, Paolo Primavera, au Salon du Livre de Turin.
14/05/2024, 12:17
SalondulivredeTurin2024 – Minimum Fax est une maison d’édition romaine, née d’une revue littéraire initialement distribuée par fax. Cette dernière s’est distinguée grâce à la découverte de grands noms de la littérature italienne contemporaine, mais également pour avoir démocratisé la littérature américaine en Italie.
13/05/2024, 18:02
Le manquement par l’auteur ou par l’éditeur à l’une de ses obligations légales ou contractuelles est susceptible d’entraîner la résiliation du contrat d’édition, à savoir de mettre un terme de la relation contractuelle entre les parties. Le 18 avril 2024, le Tribunal judiciaire de Marseille a fait une application classique du cheminement conduisant à la résiliation du contrat, permettant également de rappeler les obligations à la charge de l’éditeur. Me Adélie Denambride, avocate exerçant en droit d'auteur, de l'édition et du marché de l'art revient sur ce sujet.
13/05/2024, 11:23
Une tribune signée par plus de 560 autrices, auteurs et acteurs du monde du livre dénonce l'arrêt de La Librairie francophone, émission présentée par Emmanuel Kherad, sur décision de France Inter. L'émission était coproduite et diffusée sur différents territoires francophones par Radio-Canada, RTBF (Belgique), Radio Télévision Suisse et France Inter. Elle avait même déployé en février 2019 une version télévisée.
13/05/2024, 00:01
SalondulivredeTurin2024 – Oiseaux et chevaux, ou les soeurs Nothomb à Turin : Juliette et Amélie étaient attendues dans une salle archi-comble de lecteurs et lectrices, au salon du livre. Elles ont abordé de leur rapport à langue, à l’écriture et de leur passion pour des animaux, l’oiseau et le cheval, présents dans leurs derniers ouvrages, Psychopompe et Éloge du cheval (2022 et 2023 chez Albin Michel).
11/05/2024, 13:03
4 Commentaires
Ismaël
07/02/2020 à 15:49
De 1979 à 2013, le nombre d'auteurs/illustrateurs recensés en France a triplé. En 2013, derniers chiffres officiels accessibles, on en compte 101600 sur le territoire (88000 auteurs de l'écrit, 7400 illustrateurs/dessinateurs/coloristes, et 6200 traducteurs), voir cet article https://www.actualitte.com/article/monde-edition/les-auteurs-francais-en-une-infographie/65803. Et il est peu probable que ce chiffre ait diminué sur les sept dernières années, au mieux il s'est maintenu, ou il a augmenté.
Du côté des éditeurs, ceux-ci publiaient, en 1999, 38657 ouvrages (nouveautés et nouvelles éditions). Vingt ans plus tard, en 2018, cette production est passée à 82313 ouvrages sur l'année (dont 67942 nouveautés et nouvelles éditions). La production, en 20 ans, a donc quasiment doublé, en revanche le tirage moyen lui a été divisé par deux (8403 ex en 1999, 4720 ex en 2018). Après avoir connu une forte progression entre 1999 et 2008 (passant de 346,8 millions à 468,3 millions), le nombre d'exemplaires vendus est en baisse régulière depuis 10 ans (avec 419 millions d'exemplaires en 2018, soit près de 50 millions de moins qu'en 2008, et même si 2019 devrait signer un léger regain).
On a donc d'un côté une offre d'ouvrages pléthorique, portée par un nombre d'auteurs/illustrateurs qui a progressé en conséquence (il faut bien des créateurs derrière tous ces ouvrages publiés), et d'un autre côté une baisse du nombre d'exemplaires vendus et un tirage moyen qui s'effondre. Dans le même temps, avec le changement des habitudes de loisirs et d'activités culturelles, on est passé en France de 74 % Français lisant entre 1 et 5 ouvrages par an en 1999, à 66% en 2018, soit 8 % « petits lecteurs » en moins, ceux qui constituent le socle premier des acheteurs (la grande majorité des ventes s'effectue sur ce lectorat, là où les grands lecteurs, qui achètent le plus d'ouvrages, se maintiennent autour de 18%, ce qui ne permet pas de rattraper la baisse du nombre de lecteurs/acheteurs moyens).
Au regard de ces chiffres, qui sont de simples réalités statistiques, sans affects, sans jugement moral ni qualitatif sur la production éditoriale, ni sur l'investissement ou le professionnalisme des auteurs/illustrateurs, comment ne pas aboutir à une crise ? Si on comptait environ 88600 auteurs en 2011, avec comme chiffre officiel de droits qui leur ont été reversés par les éditeurs 466 Millions d'euros, 7 ans plus tard, alors qu'il doit y avoir plus des 101600 auteurs (chiffre de 2013), le SNE indique en 2018 avoir reversé en droits d'auteurs... 466,8 Millions d'euros, soit peu ou prou la même somme globale.
Un « gâteau » identique (même somme de droits totale reversée environ), mais un nombre de parts beaucoup plus important (40% d'auteurs en plus pour assurer une production exponentielle mise en place par les éditeurs), donc des parts toujours plus petites pour les créateurs. « Pas d'auteurs = pas de livres », c'est un fait, basique, impossible à contredire. Mais trop de livres, avec plus d'auteurs et moins de lecteurs/acheteurs = une baisse des tirages moyens et des ventes moyennes = malgré la fuite en avant d'une surproduction, pour tenter de palier une baisse du CA des éditeurs (2830 Millions d'euros en 2008, 2670 Millions d'euros en 2018), et pour finir = une baisse du revenu des auteurs.
Si on veut prendre une image tendance écolo, on pourrait dire qu'on a ici une forêt, avec à l'orée de ces bois de grands et gros arbres bien épais (en BD les Astérix, Blake et Mortimer et consorts ; en littérature générale, les Musso, Lévy, et consorts). Des arbres qui étaient là dans les années 2000, qui ont soit grandi soit ce sont maintenus à leur taille (best-sellers). Derrière eux, il y a vingt ans, nous avions d'autres arbres moins importants, mais qui gagnaient assez pour se maintenir en vie dans un écosystème à peu près équilibré (une forêt pas trop dense, qui pouvait respirer, nourrie de l'eau d'un lectorat relativement large et du soleil d'un réseau de librairies adapté). Aujourd'hui, nous avons les mêmes gros arbres en lisière (avec quelques autres qui sont venus les rejoindre, comme le manga en BD par exemple, la romance et le feelgood en littérature, etc.), et derrière eux une immense forêt, devenue dense, mêlée d'arbustes et de plantes (augmentation du nombre d'auteurs dans tous les genres), dans un éco-système touffu qui ne respire plus assez (production éditoriale démultipliée), qui manque de soleil (librairies étouffées sous les parutions) et qui de surcroît est en déficit d'eau en quantité suffisante (perte de lecteurs).
Que se passe-t-il si les éditeurs publient moins ? : la présence des arbres sur le devant du bois ne changera pas (il y aura sans doute toujours des best-sellers pour nourrir l'édition), et le niveau du lectorat ne s'améliorera sans doute pas (malgré toutes les actions menées dans le sens du soutien à la lecture, tant auprès des jeunes générations que des plus anciennes), en revanche l'éco-système se remettra sans doute à mieux respirer, le réseau de vente reprendra des couleurs et redonnera de la lumière, les arbres que l'on a maintenu se remettront à grandir ou, a minima, ne tomberont plus malades ou ne chercheront pas à replanter leurs racines ailleurs (auto-édition, circuit court).
En revanche, il y aura un revers à la médaille, d'une part, si on plantera moins de nouveaux arbres, d'autres seront aussi élagués ou abattus (moins de livres produits, moins d'auteurs publiés), d'autre part une production en baisse permettra sans doute un gain de coûts (impressions, diffusion, stockage, etc.) mais une augmentation des charges de personnel pour une production moindre, et donc des suppressions de postes (en édition, comme au commercial, la diffusion etc.), donc de la casse sociale, tant du côté des auteurs/illustrateurs que des éditeurs. Cependant, n'est-ce pas à ce prix que cet éco-système peut survivre et, à tout le moins, s'éviter d'aller dans le mur vers lequel il se dirige à toute vitesse ? Le SNE a beau jeu de dire que publier moins impliquerait de lire moins... D'une part parce que, de facto, il y a moins de lecteurs qu'autrefois, et que ce n'est donc pas en proposant plus de livres différents qu'on augmentera pour autant le nombre de lecteurs ou qu'on enrayera sa baisse... sic..., d'autre part parce que, quand ce même SNE publiait deux fois moins de titres il y a 20 ans, on ne l'a jamais entendu clamé que la lecture était en péril parce qu'eux-mêmes, les éditeurs, ne parvenaient pas à publier deux fois plus... !
Et il n'est d'ailleurs pas certain que publier moins impacterait tant que cela la rentabilité des grands groupes éditoriaux (rappelons tout de même que 80% du CA de l'édition est effectué par les 10 plus grands éditeurs...) : il est tout à fait envisageable de faire autant, voire plus de ventes, mais sur moins de titres, impliquant une remontée des tirages moyens, et une remontée des droits moyens versés aux auteurs.
Black Bullet
08/02/2020 à 03:10
Mais on ignore si YouTube est quand même rentable malgré son faramineux CA.
Alphabet.inc lui est rentable (34,3$ milliards), mais ils ont quand même pas assez pour s'acheter un vrai Death Note :P
Black Bullet
22/02/2020 à 05:00
Pour y voir plus clair sur les 15 milliards de YouTube : https://alain.le-diberder.com/la-deflation-a-venir/
Jujube
08/02/2020 à 05:17
Si la sagesse parle, les oreilles qui l'écoutent ne sont pas toujours sages. Elles peuvent être sourdes aussi. Ou y a plus d'oreilles du tout.