Information ActuaLitté : Amusant comme cette période de changement de couleur dans la gouvernance politique est propice aux récriminations de tous genres. La dernière en date, ce sont les poètes de France qui l'ont lancée, contre le président du Centre national du Livre, Jean-François Colosimo. Une pétition réunissant 180 signatures a été présentée ce 25 juin au président, récriminations à la clef.
Le 27/06/2012 à 10:30 par Clément Solym
Publié le :
27/06/2012 à 10:30
Quatre représentants des signataires ont été reçus au CNL par le président donc, faisant suite à l'interpellation, durant le marché de la poésie, où Michel Deguy, président d'honneur de la 30e édition revenait sur « la rumeur selon laquelle le CNL songerait à supprimer sa commission pour la poésie ». (voir notre actualitté)
Ainsi donc, les signataires de la pétition ont remis le texte suivant, publié par BibliObs.
Le fait qu'un nouveau président de la Commission Poésie du Centre National du Livre n'ait toujours pas été nommé à ce jour confirme qu'une liquidation de ladite commission est à l'étude.
Elle ne sera pas présentée comme telle, bien entendu, il s'agira certainement de moderniser les structures inadéquates.
Si ces manœuvres, engagées sous l'ère sarkozyste, devaient se poursuivre dans le bien plus «normal» encadrement actuel, ce serait le signe certain de la continuité programmée de toutes les régressions imposées par le Marché à la grande Culture.
Nous écrivains, poètes, et éditeurs soussignés, estimons vital le maintien d'une commission Poésie afin d'éviter la domination d'un genre sur un autre: enviée par les poètes et écrivains de la plupart des pays, l'existence de cette aide a permis à de nombreux éditeurs, qu'ils soient puissamment implantés nationalement depuis longtemps ou qu'ils vivotent en Province grâce au bénévolat, de publier des livres qui n'auraient jamais pu voir le jour sans elle; elle a permis à des poètes de ne pas mourir dans le plus total dénuement, et ce n'est pas une image.
Mais il s'agit de bien plus que de la défense de ces livres passés et à venir il s'agit de préserver un espace dans lequel notre langue puisse continuer à se questionner, à se penser, à se rêver.
C'est pourquoi nous demandons le retrait de tout projet de “fusion des commissions”.
"Les craintes sont absolument infondées."
L'attaque est dans les règles, et méritait bien que l'on sollicite le Centre National du Livre pour comprendre ce qu'il est en est. La réaction est claire : « Les crédits alloués à la poésie sont en augmentation, pas simplement pour l'édition, mais également pour les résidences d'auteurs, pour le Centre international de Poésie de Marseille, ou encore pour les manifestations. Contrairement à des réformes culturelles en cours, cette décision de réformer les commissions du Centre ne découle absolument pas de contraintes financières. Le budget poésie a été sanctuarisé, et il a été revu à la hausse ces dernières années. Les craintes sont absolument infondées. »
Mais alors, d'où vient cette réforme ? « Elle fait suite à une enquête BVA que nous avons réalisée auprès de 10.000 personnes, qui bénéficient des aides du CNL. Il en ressort que si les personnes qui perçoivent des subventions de la part du Centre sont particulièrement satisfaites de des aides, et comprennent l'implication de notre établissement, elles ne parviennent pas à avoir une vision globale de notre action, qui est mal comprise. »
En effet, les conclusions sont assez évidentes :
Cette enquête, réalisée en janvier dernier, est disponible à cette adresse.
Une nécessaire réforme
« De plus, la Cour des comptes, par exemple, nous indique depuis des années que le Centre compte de trop nombreuses commissions - 18 en tout - et nous a demandé de faire quelque chose. De même, nous devions modifier les actuels dispositifs, au nombre de 35, pour rendre plus claire notre action. D'autant que certains dispositifs ne sont plus utilisés, et ce, du fait d'une accumulation au fil du temps. »
La réforme amorcée, votée à l'unanimité, verra la réunion des directeurs des Commissions ce 29 juin, en fin de journée. « Là encore, la pétition explique qu'il n'y a plus de président à la Commission poésie. C'est faux : l'actuel président est tout simplement prorogé, en attendant que le nouveau soit nommé. La réforme interviendra à compter du 1er janvier 2013, nous n'allions pas nommer un président pour quelques mois : autant faire plus simple, en maintenant celui qui était en poste. »
La réforme vise donc à clarifier la mission du Centre, articulée autour de six points
De quoi donner un aperçu plus net de l'action du CNL, auprès des professionnels mêmes. « Mais une fois encore, le président du Centre l'a dit à la Commission la semaine passée, l'a répété aux représentants de la pétition : cette réforme n'est motivée par aucune volonté d'économie, et le Centre n'a pas sacrifié le moindre secteur. »
Une tempête dans un verre d'eau, en somme.
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