Le royaume des chats s'étend des ouvrages médiévaux à internet
Internet a définitivement assis la fascination de l'humanité pour les chats, inversement proportionnelle à leur indifférence à notre égard. Cette passion pour les mignons petits félins n’est toutefois pas l’apanage de la modernité. Déjà, au Moyen-Âge, on aimait à représenter ses « sphinx allongés au fond des solitudes », mais pas forcément avec le même état d’esprit…
Le 17/10/2022 à 15:17 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
17/10/2022 à 15:17
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« À fréquenter le chat, on ne risque que de s’enrichir. Serait-ce par calcul que depuis un demi-siècle je recherche sa compagnie ? » Ces mots de la grande écrivaine Colette, beaucoup aujourd’hui pourrait les faire siens, mais ils n’auraient pas pu, sauf exception, sortir de la bouche d’un Homme médiéval.
À l’instar du rapport de l’islam aux chiens, l’Église du Moyen-Âge entretenait une vision négative de nos amis félins. En cause : leur lien fort avec le paganisme et les religions polythéistes. Sorcellerie, sexualité pécheresse, « fraternisation avec Satan », les procès de chats « déviants » ne manquent pas.
Bodleian Library Bodley 764 f. 51r (Angleterre, c 1225-50).
À la fin du XIIe siècle, celui qui deviendra archidiacre d’Oxford, Walter Map, expliquait que le diable se présentait devant ses fidèles sous une forme féline. Le pape Innocent VIII lui-même a publié une bulle en 1484 pour condamner à mort « l’animal préféré du diable et l’idole de toutes les sorcières »... Par conséquent, beaucoup ont été torturés et exécutés par certains de ces fous de dieu...
Baudelaire retrouve cette approche quand il dit, dans son premier poème Les chats : « Amis de la science et de la volupté,/ ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ; / L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,/ s’ils pouvaient au servage incliner leur fierté. »
Cette vision de nos félins préférés n’était en revanche pas la seule dans ce Moyen-Âge disparate et très étendu dans le temps : si certains ont interprété l’image d’un chat bondissant sur un rongeur comme un symbole du diable s’attaquant à l’âme humaine, d’autres se sont appuyés sur les chats comme gardiens d’église, afin de s’assurer que les rongeurs ne grignottent les hosties eucharistiques, rappelle Johanna Feenstra du blog Academic Cat Lady. En outre, ils fournissaient aux Hommes médiévaux un service de lutte antiparasitaire non négligeable.
Aberdeen University Library, MS 24 f. 23v (Angleterre, c 1200).
Les anciens Égyptiens, eux, considéraient les chats comme des symboles de divinité et de protection. Dans l’Égypte antique, faire du mal à un chat était passible de la peine de mort, nous rappelle Vintage News. Leur exportation était illégale et, à l’instar d’aujourd’hui, la disparition d’un minou était une occasion de tristesse publique. Quand un de ces animaux à oreilles pointues mourait, il était enterré avec les honneurs, momifié et pleuré par les humains.
Le corps de la petite bête était enveloppé dans les meilleurs matériaux, puis embaumé afin de le conserver plus longtemps. Les Égyptiens se rasaient même les sourcils en signe de leur profond chagrin pour l’animal décédé...
Natural History Museum, Londres.
Dans l’Occident chrétien, il faudra attendre la Renaissance pour que la donne change. On peut citer cet amoureux des chats, en avance dans de si nombreux domaines, Léonard de Vinci, et ses onze croquis de chats dans différentes poses. Le poète Du Bellay, de son côté, consacra une épitaphe à Bellaud, son minet décédé.
S’en suivront des poètes comme Baudelaire et ses vers sur les chats ; peut-être ce qu’on a dit de plus beau sur le sujet, comme : « C’est l’esprit familier du lieu ; il juge, il préside, il inspire toutes choses dans son empire ; peut-être est-il fée, est-il dieu ? »
Ou encore Salvador Dalí et son chat Babou qu’il emmenait partout avec lui, Ernest Hemingway et ses chats à 6 doigts ou « polydactyle », Maupassant qui créa une ligue pour la défense des félins, ou bien Cocteau qui fonda le club des amis des chats. Ce dernier avait fait graver « Cocteau m’appartient » sur le médaillon porté par son chat, Karoun. On se souviendra aussi du chat Gli, gardien de Sainte-Sophie, décédé le 7 novembre 2020 et enterré dans la basilique.
Bibliothèque du Congrès, domaine public
À LIRE: La Clé de l'Enfer, ou de la magie noire au XVIIIe siècle
Aujourd’hui, des chats vedettes d’Internet, comme l’ukrainien Stepan, permettent même de lever des fonds en soutien au pays agressé par la Russie poutinienne. La fascination, toujours, pour ces petits animaux aux « nobles attitudes » et « aux prunelles mystiques ».
Crédits visuel : Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Cod.icon. 312c, p. 258 / Scheibler Armorial, Allemagne ca. 1450-1480
Chats d'artistes
Paru le 30/09/2021
185 pages
Bartillat
25,00 €
Le chat des écrivains
Paru le 17/08/2018
96 pages
Editions Gallimard
3,99 €
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3 Commentaires
Dirhavel le Conteur
18/10/2022 à 08:05
Bonjour,
J'ai l'impression que l'animal de compagnie de Salvador Dali, sur la photo, n'est pas un chat, mais une genette. Qu'en pensez-vous, que savez-vous à ce sujet ?
Marie
18/10/2022 à 08:57
Merci pour la video, nonobstant la langue anglaise (j'ai pas tout compris).
Claire BUY
02/11/2023 à 14:24
Le Chat est un animal fier et AIMANT. Il est important de retenir que les animaux sont innocents et sensibles et AIMENT. C'est pourquoi je suis végétarienne depuis mes 25 ans j'en ai 62 et suis en parfaite santé, il y a donc 37 ans que je ne mange ni viandes ni poissons ni crustacés. Du lait, du fromage, des œufs : j'en prends. Et légumes variés, fruits frais et secs variés ET SURTOUT céréales COMPLÈTES associées aux laitages et/ou légumineuses je privilégie les laitages, maigres. Il existe plein de substituts veggie variés. Délicieux. Élevage : 15% des gaz à effet de serre et 75% de la déforestation de l'Amazonie. Sans parler des atroces souffrances en abattoirs et en élevages intensifs et sans parler du risque de zoonoses... le Covid n'aurait pas tué si tous étaient végétariens, il venait d'un marché de viandes et fruits de mer. Soyons tous et toutes végétariens, pour l'avenir des jeunes, des enfants, de la planète et pour avoir le "bonheur des pensées innocentes" cf dans L'oiseau bleu" de Maeterlinck