Le Prince Cruel, Le Roi Maléfique ou encore la Reine sans royaume… A l’heure du #Booktok, réunissant des millions de lecteurs sur le réseau social Tik Tok, il est peu probable que vous soyez passé à côté de cette saga désormais phénomène. De fait, le premier tome de cette trilogie, Le Prince Cruel, s’est vendu à 80.000 exemplaires en 2022. Un record dans le monde de la jeunesse.
Le 18/12/2023 à 15:32 par Louella Boulland
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Publié le :
18/12/2023 à 15:32
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Une lecture peut désormais devenir virale. L’ampleur du phénomène #Booktok dépasse tous les entendements. Elle projette des centaines de livres sur le devant de la scène. Et parmi eux, la saga du Peuple de l’air, dont le hashtag cumule déjà près de 64 millions de vues sur la plateforme chinoise. Des centaines d’adolescents et de jeunes adultes se filment, émotifs, pendant leur lecture.
Une popularité qui propulse directement cette trilogie dans le top 1 des ventes du New York Times. Cette influence s’étend donc jusqu’à votre smartphone, et vous voilà en possession des trois tomes dans votre librairie de quartier. Alors, la saga du Peuple de l’air, top ou flop ?
L’idée est simple. Une histoire d’amour, empêchée par la conquête du pouvoir. L’univers, quant à lui, est complexe. Jude, une humaine enlevée à ses parents biologiques, est emmenée à Terrafae, dans la haute-cour du royaume de Domelfe. Dans cet univers fortement inspiré du folklore anglo-saxon, notre jeune héroïne de 17 ans apprend à vivre aux côtés des faes, des gobelins, des merrows ou encore des pixies. Son père adoptif lui enseigne la stratégie, le maniement des épées, et surtout, lui inculque les codes de la société de Terrafae. Une mise en bouche, dans cet univers atypique, qui peut en freiner plus d’un…
Dans le premier tome, la jeune humaine, au fil des pages, grandit aux côtés de son lecteur. Si les premières scènes sont quelque peu infantiles et manquent d’une certaine finesse d’écriture, l’univers de Domelfe, lui, s’installe et se déploie au fur et à mesure des mots.
Inévitablement, une relation naît entre Jude, l’héroïne principale, et Cardan, le cadet de la lignée royale des Ronceverte. Autour d’eux, les intrigues fusent et élèvent nos jeunes protagonistes au-devant de l’échiquier politique du royaume. Entre coups bas, meurtres, et sauvetages miraculeux, l’autrice ne laisse pas de place à l’ennui. Les retournements de situation ponctuent la lecture de la saga. Sur les réseaux sociaux, nombre d’adolescents confient être « tombés sous le charme de cette quête au pouvoir, cette course à l’ascension au trône », ce qui en fait la qualité principale de ces romans.
Et il faut reconnaître qu’Holly Black, l’autrice de la saga, a pensé à tout. Au fil des écrits, le lecteur établit divers liens entre les personnages. La romancière surprend son lecteur, dévoile des secrets bien gardés, et attise la curiosité de son public. Un véritable accrolivre. Pour cela, le deuxième tome, Le Roi maléfique, excelle en la matière.
Fort d’un univers solidement installé, ce deuxième tome détaille subtilement toute la puissance et la magie de ce royaume. Pour notre plus grand plaisir, l’autrice creuse dans les profondeurs du folklore anglo-saxon, et ressuscite des créatures qui nous sont inconnues.
Nos héros, désormais élevés au prestigieux rang de « Grand Roi » et « Sénéchale », complotent ensemble contre des « bonnets-rouges », des êtres sanguinaires aux rites étranges. Parmi eux, le père adoptif de Jude, qui prend un malin plaisir à tremper sa capuche dans le sang de ses malheureuses victimes. Avec étonnement, nous découvrons l’existence des peuples Seelies, Selkies, Nixes ou encore Huldres, qui constituent les cours inférieurs de Terrafae. Et pour être sûre de ne perdre personne en cours de route, Holly Black a pris soin de laisser un dictionnaire des « créatures légendaires peut-être inconnues du public français », en fin de roman.
Probablement inspirée par J.K. Rowling ou par Tolkien, Holly Black alimente ses récits de contes, de prophéties, de règles absurdes, et invoque la puissance des astres. C’est ainsi qu’à la naissance de Cardan, l’astrologue royal prédit un avenir sombre au futur Grand Roi de Domelfe. « Il provoquera l’anéantissement de la couronne et la destruction du trône. »
Outre l’attachement qui nous lie aux personnages au gré des lectures, Holly Black a composé trois autres romans, chacun étant « issus de l’univers de Domelfe ». Coup de communication, pression des éditeurs, ambition économique ou réelle passion de l’écriture, ce zèle professionnel participe sans nul doute au succès de la saga du Peuple de l’air.
C’est ainsi qu’Holly Black dédie un premier ouvrage à Cardan, commercialisé à 18,90 € dans l’hexagone. Dans un second, elle détaille la relation qu’entretien Jude avec sa soeur jumelle Taryn. Enfin, elle alimente la saga du Peuple de l’air avec un dernier livre consacré à Chêne, le petit frère de Jude, mais également futur Grand Roi de Domelfe.
Ces ouvrages sont loin de faire consensus parmi son lectorat. Et pour cause, ces tomes annexes participent à l’enrichissement de l’univers, mais demeurent moins aboutis que leurs prédécesseurs. L’héritier trahi, publié ce 18 octobre, en est la parfaite illustration. L’intrigue est faible, les personnages peu travaillés, et les chapitres longs (à raison d’une cinquantaine de pages en moyenne). Une lecture qui déçoit après l’effervescence provoquée par les trois tomes précédents.
En tout, les fans de la saga du Peuple de l’air devront débourser près de 110 € pour la lecture complète de leur univers préféré. Une somme considérable compte tenu du public visé : des adolescents et jeunes adultes. Et pour justifier une telle dépense, les éditions Rageot ont mis le paquet sur des couvertures attrayantes, et la vente d’éditions reliées collectors.
Les trois premiers tomes de cette saga embarquent le lecteur à la hauteur d’autres récits de Fantasy, mais n’égalent pas la finesse d’écriture, et la richesse d’univers bien connus tels que La Passe-Miroir, Dune, ou Babel. Toutefois, peu d’auteurs peuvent se vanter d’avoir suscité tant de réactions, positives ou négatives.
Paru le 02/09/2020
544 pages
Rageot
20,00 €
1 Commentaire
Regina
20/12/2023 à 04:58
C'est mérité, c'est l'une de mes sagas préférées. Partagée entre magie, amour, haine, complots politiques, guerre, stratégies, trahisons, vengeance, le tout dans un monde de fantaisie très bien construit. J'en suis tombée amoureuse dès le premier tome, et devenue suis fan depuis ♡