BONNES FEUILLES - Avec Les étoiles les plus filantes (Liana Levi), Estelle-Sarah Bulle signe en cette rentrée littéraire une fiction audacieuse, comblant l’absence d’archives, un grand roman qui raconte une parenthèse enchantée, à la confluence de la Nouvelle Vague et de la bossa nova, et la cruauté quand elle se referme : l’histoire imaginaire d’un film culte, Orfeu Negro de Marcel Camus, de son tournage en 1958 à sa consécration avec la Palme d'or en 1959 .
Le 07/07/2021 à 17:27 par La rédaction
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07/07/2021 à 17:27
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En juin 1958, une équipe de tournage débarque à Rio de Janeiro. Dans les quartiers pauvres accrochés aux mornes se répand la nouvelle d’un drôle de casting : on recherche de jeunes comédiens amateurs noirs. À son adaptation de la pièce de Vinícius, réécriture du mythe d’Orphée et Eurydice, Aurèle Marquant a l’intention de donner pour cadre une favela vibrante de tragédie et de joie.
Projet modeste et démesuré : à Paris, il a reconnu son Eurydice en Gipsy, danseuse américaine métisse. Maintenant sur place, il lui faut débuter le tournage. Eva, comédienne martiniquaise, et Norma, coiffeuse ambitieuse, seront les deux autres visages féminins ; Breno, footballeur au chômage, sera Orphée. Les décors se montent, les acteurs s’apprivoisent. L’histoire de chacun redouble les sentiments que capture la caméra d’Aurèle, tout autant accaparé par l’autre volet de son oeuvre : la musique.
L’effervescence artistique autour du tournage aiguise d’autres intérêts, ceux de deux agents locaux de la CIA, qui flairent un coup à jouer en récupérant la bossa nova, mais aussi de la France de Malraux, soucieuse de se placer dans la compétition internationale que constitue le festival de Cannes.
Les éditions Liana Levi et ActuaLitte vous proposent d'en découvrir les premières pages, en attendant sa sortie en librairie le 26 août.
Estelle-Sarah Bulle, née d’un père guadeloupéen et d’une mère ayant grandi à la frontière franco-belge, a travaillé pour des institutions culturelles. Son premier roman, Là où les chiens aboient par la queue (Liana Levi, 2018), grand succès, a été couronné par plusieurs prix littéraires, dont le prix Stanislas du premier roman, le prix Eugène-Dabit du roman populiste et le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde. Elle est aussi l’auteure d’un roman jeunesse, Les Fantômes d’Issa (L’École des loisirs, 2020).
[à par. 26/08] Estelle-Sarah Bulle - Les étoiles les plus filantes - Liana Levi - 9791034904358 - 21 €
Dossier - Romans de la rentrée littéraire 2021 : parcourir les bonnes feuilles
Paru le 26/08/2021
426 pages
Liana Levi
21,00 €
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1 Commentaire
NAUWELAERS
07/07/2021 à 23:40
Merveilleux film de ce cinéaste dont on parle si rarement, Marcel Camus !
Et ce livre sort au moment optimal: en plein festival de Cannes...dont le président du jury, Spike Lee, est noir alors que «Orfeu Negro» compte une distribution noire.
Doublement audacieuse: avec de jeunes visages inconnus...
Et Palme d'or 1959 !
Détail piquant: ce film lié aux débuts de la bossa nova coiffe au poteau du palmarès de la Palme d'or la Nouvelle Vague («bossa nova» en portugais) qui déboule en force...!
Lancement de la bossa nova peut-être...
Mais avec un gros effet retard en France.
Lorsque Dalida -accompagnée par Raymond Lefèvre et son Grand Orchestre ! -chante «La Chanson d'Orphée», devenu un de ses succès (paroles françaises coécrites par un certain... Marcel Camus qui, Brésil ou pas, ne perdait point le Nord !), on ne qualifie pas du tout ce joli titre de «bossa nova» -alors que l'expression «Nouvelle Vague» est omniprésente.
La bossa nova connaît un premier faux départ français dès 1962 avec des Sacha Distel et Richard Anthony qui l'adaptent mais dans une démarche purement commerciale qui dénature totalement ce genre -pschittt alors que Stan Getz la fait exploser et le jazz s'en empare merveilleusement - avant évidemment la grande...vague (française) bien plus authentique due à Pierre Barouh avant tout quatre ans plus tard, mais c'est une autre histoire déjà...
Alors qu'aujourd'hui, certains délires sectaires s'en prennent à la «blanchité» insupportable de l'Antiquité, un bel exemple avec ce film d'«appropriation culturelle» (comme on ne disait pas évidemment) et parfaitement réussie !
Cela après un autre film mythique de cet âge d'or du cinéma: «Carmen Jones» de Preminger (1954, d'après la comédie musicale) avec la star noire Dorothy Dandridge incarnant l'héroïne pourtant blanche de Bizet !
Pour ce livre d'Estelle Sarah-Bulle, il s'agit donc d'une fiction autour de ce film...
J'ignore si le titre fait allusion ou non à cette belle étoile filante que fut Marpessa Dawn, la vedette féminine du film, dont la carrière ressemble à une magnifique promesse bizarrement non tenue...
CHRISTIAN NAUWELAERS